Cloutier Les Freres

Première monographie des frères Cloutier par Pierre Favardin. Tout à la fois fascinante et déroutante, l'oeuvre céramique des frères Cloutier ne cesse, depuis l'ouverture de leur atelier en 1955, de s'inscrire clans un registre totalement inédit. Jean et Robert ont pour terre d'élection une sorte de no man's land improbable, où se conjuguent, non sans impertinence et humour, la maîtrise des savoir-faire, l'exigence de leur survie et cette nécessité intérieure que leur dicte un univers onirique en perpétuel mouvement. Il s'ensuit une production faite de jeux, de chausse-trappe et de surprises mais dont la cohérence s'affirme dans la mise en scène d'un univers fantasmatique personnel, dont le caractère récurrent et impérieux se joue des modes et des diktats. Pour autant, les Cloutier sont bien les fils de leur époque, même s'ils n'en sont pas les disciples. Leur statut d'artisan aurait dû les assujettir au décoratif et ancrer leur travail dans une démarche stylistique en phase avec les mutations de leur temps. De fait, il est possible d'établir une périodisation de leur production, mais les glissements esthétiques et les éternels retours qui leur sont coutumiers témoignent de leurs exigences personnelles, intemporelles.
Contemporains, les frères Cloutier le sont, non par adhésion à telle ou telle avant-garde, mais par une constante redécouverte de leurs productions antérieures, par une ré interrogation des mythes et des mythologies d'une oeuvre inclassable et close dans le secret de leur gémellité.